La République Démocratique du Congo est au cœur de l’industrie mondiale du cobalt. Fournissant environ 70 % de la production mondiale de ce métal stratégique pour la fabrication de batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques et divers appareils électroniques.
Dans le secteur de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, EMAPE, l’extraction du cobalt, est perçue comme l’activité la plus lucrative, générant un revenu quotidien sans nécessiter d’investissements ni de qualifications spécialisées. Elle représente une source de subsistance pour 150 000 à 200 000 personnes, soit 10 à 15 % de la production totale de cobalt en RDC.
Un rôle essentiel, mais invisible
Dans la province minière du Lualaba par exemple, les femmes jouent un rôle fondamental dans la chaîne d’approvisionnement artisanale du cobalt. Elles sont actives dans des tâches clés telles que le concassage et le tri des minerais, le lavage et le drainage, la vente locale et, dans certains cas, l’extraction directe. Ces contributions sont vitales, non seulement pour le soutien économique de leurs familles, mais également pour la pérennité du secteur artisanal.
Cependant, malgré cette importance, les femmes restent structurellement marginalisées, elles font face à des obstacles juridiques et sociaux, c’est notamment l’accès restreint aux droits fonciers, interdictions d’accès à certains sites miniers réservés aux hommes, ou encore discriminations basées sur le genre.
Selon différentes études, les femmes sont exclues des maillons les plus rentables de la chaîne (commercialisation, transport à grande échelle, gestion des sites), ce qui les cantonnent à des tâches pénibles et moins rémunératrices. Les femmes perçoivent 3 à 4 fois moins que leurs homologues masculins, malgré un travail souvent égal, voire plus lourd.
De plus, les femmes sont confrontées à des contraintes financières, comme pour l’obtention des licences légales, l’impossibilité d’acquérir des Zones d’Exploitation Artisanale (ZEA). Cette situation les maintient dans l’informalité, les exposant davantage à la précarité et aux abus.
Des opportunités pour un développement Durable
Malgré ces différents défis, plusieurs leviers d’actions existent pour favoriser une meilleure intégration des femmes dans la chaîne de valeur du cobalt, ceci passe d’abord par des programmes de formation et renforcement des capacités qui permettront aux femmes d’acquérir des compétences techniques, juridiques et entrepreneuriales, ensuite par l’accès au financement, à travers la mise en place des mécanismes d’autonomisation qui leur permettront de développer des activités génératrices des revenus, d’arriver à la formalisation de leurs activités et d’améliorer leurs conditions de travail, enfin, c’est par la mise en œuvre des projets de développement sensibles au genre et qui permettra de promouvoir les initiatives intégrant la perspective de genre, assurant ainsi une répartition plus équitable des ressources et des bénéfices issus de l’exploitation minière.
Vers des Politiques Publiques Inclusives
Les analyses menées par IFEDD et la Sentinelle des Ressources Naturelles soulignent qu’une réelle transformation du secteur ne peut s’opérer sans l’adoption de politiques publiques inclusives, intégrant pleinement l’approche genre dans la gouvernance minière, le soutien actif à la formalisation et à l’assainissement de la filière artisanale, garantissant aux femmes un accès équitable aux opportunités économiques et une protection juridique.
Bâtir un Secteur Minier Équitable et Durable
Le rôle des femmes dans la chaîne artisanale du cobalt est crucial. En répondant aux défis spécifiques qu’elles rencontrent, et en saisissant les opportunités existantes, il est possible de promouvoir un développement économique local inclusif, d’améliorer significativement les conditions de vie des communautés minières, et de bâtir un secteur minier durable, respectueux des droits humains et porteur de justice sociale.
Un secteur minier équitable en RDC ne peut se concevoir sans la pleine participation des femmes.
